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FÉVRIER 1839.

mot. Par une analogie semblable, on dit : قابى اسعف « Mon cœur est plus faible que vos yeux ; » c’est-à-dire : Mon cœur ne peut résister à tes regards langoureux.

Un mot qui se rencontre très-souvent dans la poésie, c’est عذار idhar, par lequel on désigne cette partie de la têtière de la bride qui passe sur la joue du cheval ; il est employé aussi pour signifier la joue ; mais ce mot a encore une signification intermédiaire, savoir : le duvet qui vient de naître sur les joues. C’est surtout dans ce dernier sens que les poëtes l’emploient, comme le lecteur s’en apercevra par les exemples suivants (mais il sera bon de le prévenir d’avance que la question à laquelle ces exemples donneront lieu, ne sera traitée qu’à la fin de cet article) :

اعشقَ ما ڪنتُ يـــــومَ قالـــــوا
ندا عار خدّه الــــعــــــــــذار
وجــــنـــــتَـــــيْــــــه وصار فر روض
آسُ و ورد و وجــــلّــــنـــــــــــار

La plus grande passion que j’ai jamais éprouvée fut dans ce jour où l’on me dit : Lidhar a paru sur sa joue, et le myrte, la rose et la fleur du grenadier, se montrent dans le jardin de sa figure.

La rose et la fleur du grenadier se comprennent ; elles représentent la couleur des joues et des lèvres : mais pourquoi le myrte ? un autre passage va nous l’expliquer :