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JOURNAL ASIATIQUE.

ÉPISODE DE VIÇVÂMITRA,

Traduit du sanscrit par M. Jacquet.
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NOTE PRÉLIMINAIRE.

Le noble descendant d’Ikchvakou, Daçaratha, roi d’Ayôdhyâ[1], reçoit la visite du pieux solitaire Viçvâmitra, qui a obtenu, par plusieurs siècles d’austérités religieuses, de passer de l’ordre des Kchatriyas dans celui des Brahmanes. Après avoir exercé, par l’irrésistible force de sa sainteté, le pouvoir de la création ; après avoir fait trembler les Dêvas, l’irascible pénitent s’est retiré dans un âçrama[2] ou asile de solitaires. Les sacrifices qu’il a offerts aux Dieux ont été troublés par

  1. La moderne Aoude.
  2. Les Indiens admettent généralement que le mot âçrama signifie exempt de fatigue, ou plutôt éloignant la fatigue : on lit néanmoins, dans un passage du Ier livre du Râmâyana, âçramah çramanâçanah ; cette étymologie présentée sous la forme d’un jeu de mots est beaucoup plus exacte. Obligé de traduire souvent ce mot dans des passages où il ne peut être paraphrasé, je me suis décidé à le rendre par le mot ermitage, qui a déjà été employé dans ce sens par d’autres traducteurs ; je dois néanmoins faire observer que l’expression sanskrite ne répond pas exactement à l’expression française ; car les âçramas sont des lieux retirés dans lesquels se tiennent, sous la direction d’un saint pénitent, des assemblées religieuses, espèces de sociétés constituées en dehors de la grande société indienne ; les âçramas sont ordinairement très-peuplés, et dans l’énumération de leurs habitants, on est souvent étonné de trouver confondues les sectes dont l’orthodoxie est la plus sévère, et celles qui sont considérées comme enseignant les dogmes les plus impies.