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divinité de l’Égypte, qui, ayant pris peu à peu une posture droite, en forme de statue, conserva la tête et les pieds d’un veau. Moïse en plaça deux dans le tabernacle pour y servir de support au trône de l’Éternel, afin d’apprendre ainsi aux Hébreux à mépriser les dieux du peuple dont ils venaient de secouer le joug, et pour les cérémonies duquel ils nourrissaient du penchant[1]. Mais plus tard les chérubins devinrent, dans le langage des prophètes, des figures panthées, propres à représenter des idées cosmologiques, plutôt que des idoles. C’est pour cette raison qu’Ézéchiel en a fait le symbole de toute la nature animée, en leur donnant, pour me servir de ses propres paroles, la face de quatre animaux dont chacun est le roi de son espèce, savoir : la face de l’homme, du lion, du bœuf et de l’aigle. Nous trouvons dans le Talmud une remarque judicieuse, exprimée en ces termes : « Le roi des bêtes fauves est le lion, le roi du bétail est le bœuf, le roi des volatiles est l’aigle ; mais l’homme est élevé au-dessus de tous les animaux, et Dieu au-dessus des animaux, de l’homme et de tout l’univers[2]. »

Mais comme au temps d’Ézéchiel, il était passé en maxime du langage sacré[3], de se figurer le Dieu des

  1. Ce but secret du législateur des Juifs n’a pas échappé à la pénétration de Tacite, et contient une solution fort simple de la difficulté qu’on rencontre, en observant que Moïse a défendu sévèrement de faire des images, et en a placé tout le premier dans la partie la plus sacrée de son temple.
  2. Hagiga, xiii, 2.
  3. Le langage sacré et symbolique de tous les peuples de l’an-