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descendre du propitiatoire, à cause que le temple était profané par le culte du soleil et des astres, allait errer sur les bords du fleuve Kebar.

Ce qui nous le persuade en second lieu, c’est tout l’apparat des phénomènes qui accompagnent ce spectacle, et qui sont précisément les mêmes que les autres prophètes mettent en action dans les épiphanies d’un Dieu courroucé, et qui remue la nature entière dont il est l’auteur. Ces phénomènes sont les vents agités, des nuages menaçans, le feu qui dévaste, les éclairs qui s’entrecoupent, le tonnerre qui gronde, la mer qui mugit, enfin l’arc-en-ciel qui paraît dans les nuées en un jour de pluie (i, 4, 24, 28), et qui annonce que la colère de l’Éternel est apaisée.

Mais ce qui met encore dans une plus grande évidence une semblable vérité, ce sont les quatre animaux qui jouent un grand rôle dans cette vision, et qui y tiennent la place des quatre vents, et des quatre génies tutélaires de la nature. En effet, les chérubins כְּרוּבִים car tel était le nom de ces animaux (x, 20), ont été d’abord la figure du bœuf (שׁוֹר)[1], ou de la principale

    bres, siégeait sur le propitiatoire, selon le Talmud : car les Juifs ont eu jadis des notions très-précises sur la Trinité, ainsi que je compte le prouver dans une autre circonstance.

  1. Ézéchiel, dit Rosenmüller, appelle aspect d’un bœuf פְנֵי שׁוֹר (i, 10), ce qu’il nomme plus loin aspect d’un Kerub פְנֵי הַכְּרוּב (x, 14). Ajoutez à cela la force de la racine כָרַב qui a signifié dans l’origine labourer la terre : ce que nous disons ici du bœuf chez les Égyptiens, est aussi arrivé au bouc chez les Grecs, qui en ont fait le dieu Pan, ou le génie de l’univers. Voy. Herod. ii, 46, iii, 28. — Herder, Vom Geiste der Ebræischen Poesie, &c.