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dont j’ai essayé d’exposer la doctrine, l’autre, les Svâbhâvika prâdjnika, d’après le mot Pradjnâ, suprême sagesse, c’est-à-dire de la nature. Les Prâdjnika sont d’accord avec les Svâbhâvika pour considérer la matière comme la seule entité, la douer d’intelligence ainsi que d’activité, et lui donner deux modes, celui d’action et celui de repos. Mais les Prâdjnika inclinent à réunir les forces de la matière dans l’état de nirvritti, et à faire de cette unité une divinité ; enfin, à considérer le souverain bien de l’homme, non comme une association vague et douteuse à l’état de nirvritti, mais comme absorption spéciale et certaine dans le pradjnâ qui est la somme de toutes les forces actives et intellectuelles de l’univers.

Les Aïshvarika admettent l’essence immatérielle, un Adi-bouddha suprême, infini et immatériel que quelques-uns d’entre eux considèrent comme la seule divinité et la seule cause unique de toutes choses, tandis que d’autres lui associent un principe matériel qui lui est égal et co-éternel, et croient que toutes choses ont procédé de l’opération conjointe de ces deux principes. Les Aïshvarika acceptent les deux modes des Svâbhâvika et des Prâdjnika, ou le pravritti et le nirvritti. Mais bien que les Aïshvarika admettent l’essence immatérielle et un dieu, ils nient sa providence et son autorité, et quoiqu’ils croient que le Mokcha est une absorption dans son essence, et en appelant vaguement à lui comme dispensateur des biens du pravritti, ils regardent la connexion de la vertu et la félicité dans le pravritti comme indépendante de lui