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que l’homme est capable d’accroître ses facultés à l’infini. La fin de cet accroissement des facultés humaines, est l’association à l’éternel repos du nirvritti sur la nature duquel il y a des disputes ; les moyens d’y arriver sont le tapa et le dhyâna : par le premier de ces mots, les Svâbhâvika entendent, non pas la pénitence ni les peines corporelles que ion s’inflige, mais une abnégation entière de toutes les choses extérieures (prâvrittika) ; ils entendent par le second la pure abstraction mentale. Quant aux choses physiques, les Svâbhâvika rejettent, non le dessein ou l’action, mais l’être qui les a conçus, c’est-à-dire un être unique, immatériel, intelligent qui, par sa volonté, a donné l’existence et l’ordre à la matière. Ils admettent ce que nous appelons les lois de la matière, mais prétendent que ces lois sont des causes premières et non secondaires, sont éternellement inhérentes à la matière, et ne lui ont pas été imprimées par un créateur immatériel. Ils considèrent la création comme un effet spontané résultant de forces dont la matière a été douée de toute éternité, et quelle possédera éternellement. Quant à l’homme, les Svâbhâvika reconnaissent en lui des forces intellectuelles et morales, mais ils nient l’essence ou l’être immatériel auquel nous attribuons ces forces. Ils assignent la causalité animée et inanimée à la puissance propre de la nature (svabhâva).

Je crois que les Svâbhâvika composent la plus ancienne école de philosophie du bouddhisme, mais depuis les temps les plus reculés elle a été partagée en deux partis nommés l’un simplement les Svâbhâvika