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tinctives de chacun : Svâbhâvika, Aïshvarikâ, Yâtnika et Kârmika, et chacun admet plusieurs subdivisions comprenant diverses théories modifiées des derniers docteurs bouddhistes qui, vivant dans des temps plus tranquilles que les premiers, et instruits par les railleries de leurs adversaires ainsi que par l’adversité, ont essayé d’expliquer ce qui était le plus sujet à objection, et même contradictoire, dans le système primitif.

Les Svâbhâvika nient l’existence de l’immatérialité ; ils affirment que la matière est la substance unique, et ils lui donnent deux modes nommés pravritti et nirvritti ou action et repos, concrétion et abstraction. La matière, disent-ils, est éternelle comme une masse brute, et il en est de même des forces de la matière, qui possèdent, non-seulement l’activité, mais aussi l’intelligence. L’état propre d’existence de ces forces est le repos et l’abstraction de toute chose palpable et visible ; dans cet état (nirvritti) elles sont d’un côté si atténuées, et de l’autre si pourvues d’attributs infinis de pouvoir et d’habileté, quelles n’ont besoin que de la conscience intérieure et de la perfection morale, pour devenir des dieux. Quand les forces passent de leur état propre et permanent de repos à leur état casuel et transitoire d’activité, alors, toutes les belles formes de la nature ou du monde arrivent à l’existence, non par une création divine, non par hasard, mais spontanément, et toutes ces belles formes de la nature cessent d’exister quand les mêmes forces repassent de cet état de pravritti ou activité à l’état de nirvritti ou repos. La révolution des états de pravritti