Page:Journal asiatique, série 2, tome 15.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
JOURNAL ASIATIQUE.

le langage des Nabatéens, comme dans plusieurs idiomes de l’Orient, désignait le roi.

Élius Gallus[1], lorsqu’il entreprit son expédition dans l’Arabie Heureuse, comptait principalement sur l’amitié des Nabatéens et sur les secours qu’ils s’étaient engagés à lui fournir ; mais Obeïda, leur roi, se mit peu en peine d’exécuter ses promesses, et envoya auprès du général romain Sylleus (Saleh), auquel il donna plein pouvoir d’agir en son nom. Ce perfide, sous une apparence de zèle, prit toutes les mesures qui pouvaient faire échouer l’expédition. Ayant persuadé à Gallus que la route par terre était impraticable pour une armée, il lui conseilla d’équiper une flotte dans le port de Cléopatris, situé au fond du golfe occidental de la mer Rouge. Les troupes romaines, s’étant embarquées, eurent bien de la peine, en quinze jours d’une navigation difficile, à atteindre Leuce come. Gallus, voyant ses troupes attaquées du scorbut et d’autres maladies dangereuses, fut forcé de s’arrêter dans cet endroit tout l’été et tout l’hiver, afin de donner à ses malades le temps de se rétablir. Ensuite il continua sa marche, toujours guidé par le perfide Nabatéen, qui le conduisit par des lieux déserts, dépourvus d’eau, et lui fit bien inutilement allonger sa route ; car, à son retour, Gallus ayant trouvé des guides plus fidèles, traversa en soixante jours le même espace de pays qu’il n’avait précédemment parcouru qu’en six mois d’une marche pénible.

Germanicus, peu de temps avant sa mort, assista,

  1. Strabo, Geograph. lib. xvii, pag. 780, 781.