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DÉCEMBRE 1834.

sité à faire soit le bien, soit le mal, et il établit cette définition par cette distinction juste et lumineuse que le bien est naturel, ܟܝܢܝܬܐ, tandis que le mal est simplement légal, ܢܡܘܣܝܬܐ ; c’est-à-dire que le mal n’est point quelque chose d’existant par soi, qu’il n’est que l’infraction de la loi à laquelle l’homme est tenu de se conformer, et qu’en conséquence le rien ne peut modifier la volonté humaine ; qu’il n’est point poussé tantôt au bien ou tantôt au mal, en vertu de deux principes égaux et opposés, suivant la doctrine des dualistes. Dieu veille sur l’homme comme une mère sur l’enfant qu’elle tient par la lisière et à qui elle laisse, en le soutenant, la faculté de se mouvoir et de tomber[1]. L’idée du destin[2] n’est que l’idée de la providence faussée par les philosophes. Tout ce que nous faisons, Dieu l’a prévu ; mais il l’a prévu parce que nous agissons de la sorte, tandis que notre acte n’est aucunement modifié par cette prescience[3]. Tous les témoignages de l’ancien et du nouveau Testament, des pères et des philosophes, viennent confirmer cette vérité.

Ces développements touchaient à cette question tant débattue parmi les Arabes et les musulmans en général, à savoir : si les hommes meurent dans[4] leur

  1. Il appelle la providence ܟܛܝܠܘܬܐ. Man. pag. 298.
  2. Man. pag. 292.
  3. Man. pag. 298. On trouve ici beaucoup de termes de l’école empruntés à Aristote, comme cette règle, a posse ad actum valet consecutio : ܡܢ ܫܚܠܐ ܠܡܥܟܕܢܘܬܐ.
  4. Man. 327.