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JOURNAL ASIATIQUE.

activité et de son énergie. Sa création est concomitante à celle du corps[1], et elle n’est point éternelle à priori, comme l’ont affirmé plusieurs philosophes ; mais elle est réellement éternelle à posteriori, c’est-à-dire qu’elle survivra à la dissolution du corps, et que dans cet état elle aura une pleine connaissance de tous les actes de sa vie terrestre[2]. L’élévation, le bonheur et la perfection qui embelliront cette phase nouvelle de son existence seront proportionnés aux mérites qu’elle aura acquis dans la vie terrestre[3].

Ces mérites supposent le libre arbitre, d’où la question de la liberté[4]. Comme au temps de Bar-Hebræus le mahométisme, répandu dans tout l’Orient par les rapides conquêtes des Arabes, comptait de nouveaux prosélytes parmi les populations de la Mésopotamie et de la Syrie, et que l’idée fondamentale de sa doctrine résumée dans la loi de fer du destin, laquelle conduit à l’annihilation complète du moi humain, réagissait sourdement et d’une manière occulte, et tendait à altérer la pureté du dogme chrétien sur la liberté, notre théologien sent le besoin d’insister sur cette question et de montrer sa compatibilité avec l’idée de Ia providence et de a prescience divines. L’homme est libre dans ses actes ; il n’est point néces-

  1. Man. 266. Ici Bar-Hebræus réfute en passant la doctrine de la métempsycose et les assertions de ceux qui accordent aux bêtes une âme douée de raison.
  2. Man. 281.
  3. Man. 290.
  4. Man. 292.