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JOURNAL ASIATIQUE.

abbé Renaudot a puisé autrefois d’utiles renseignements[1].

En descendant le dernier degré de l’échelle des êtres intelligents, nous arrivons à cette classe d’esprits mauvais et déchus que toutes les croyances antiques nous montrent expiant dans un éternel supplice une faute ancienne, inconnue et immense comme leur misère : on les appelle ܫܐ̈ܕܐ, ou démons. Ce nouveau traite compose le septième fondement. Les démons sont des êtres réels et non pas fictifs[2], ainsi que le prétendent certains philosophes, qui ne voient en eux qu’une personnification des sens corrompus et du principe mauvais qui est en nous[3]. Néanmoins ils ne sont pas, comme l’enseignaient les mages, les manichéens et tous les partisans du dualisme, les représentants du principe mauvais, être infini et co-éternel à l’être bon[4]. Comme les anges, ils ont été créés bons, et s’ils sont tombés dans le mal, c’est par un effet de leur libre arbitre. Ils sont tous égaux entre eux, et nulle hiérarchie n’est possible dans l’enfer, parce que le mal n’est que l’absence de l’être, ou le néant, et que l’on ne peut concevoir de degré dans ce qui n’est pas[5]. Leur tourment n’aura pas de fin, il durera autant que la justice de Dieu. À toutes ces considérations

  1. Renaud. Lit. orient. tom. II. — Man. 219 et seq.
  2. Man. 225.
  3. Man. 226.
  4. Man. 227.
  5. Man. pag. 232. — Sum. S. Thom. quæst. cix. De ordine angelorum sive dæmoniorum.