Page:Journal asiatique, série 2, tome 14.djvu/497

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
489
DÉCEMBRE 1834.

L’existence et la véracité de la science étant admises, l’intelligence doit s’appliquer à connaître ce qui la compose et ce qui relève de son domaine. Sur quel objet s’exercera d’abord son activité ?

Bar-Hebræus suit la voie analytique ; il s’élève du fini à l’infini. Ce qui frappe, selon lui, d’abord l’attention de l’homme, ce sont et cette terre sur laquelle il est jeté, et les êtres innombrables qui la couvrent, et les phénomènes divers qui la caractérisent, et toutes ces sphères lumineuses qui semblent se mouvoir autour d’elle dans l’espace. Cet ensemble forme le monde, et la connaissance de ce monde est le sujet du second fondement.

L’homme, par une loi secrète de son être qui s’est développée en lui lors de sa déchéance, est sans cesse abaissé des hauteurs de l’intelligence vers la matière et les sens. Il est porté à s’identifier à a nature sensible et à croire plutôt ce qu’il voit, et ce qu’il palpe et ce qu’il sent, que les vérités qui lui sont révélées par la foi. Le sage et admirable économie de cet univers, loin d’élever son esprit à l’idée d’un ordonnateur suprême, peut quelquefois déconcerter sa raison, lorsqu’elle a fait divorce avec la foi, et la conduire à se représenter ce même univers comme un grand être se suffisant à lui-même, ayant sa vie et ses fonctions propres, et se mouvant dans une éternelle indépendance. C’est pourquoi, en parlant du monde, l’auteur doit aborder la question de sa création. Il commence

    dictionnaires ; il est probablement identique à la racine chaldéenne זוף dans le sens d’altérer, falsifier. Man. pag. 11-12.