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JOURNAL ASIATIQUE.

sions, dans ses catégories, qui ressemblent aux cases d’un médailler[1], et dans l’argumentation animée, mais trop uniforme, qui s’établit entre l’auteur et de subtils adversaires, qui ne sont quelquefois que des personnages fictifs ; on reconnaît, dis-je, la forme philosophique qui se reproduit à un plus haut degré dans la scolastique. Bar-Hebræus nous apparaît sous ce rapport comme le précurseur de saint Thomas, et il y a même une analogie frappante entre ses ouvrages et la Somme du grand théologien[2].

L’analyse du Flambeau des saints, que nous essayons de faire, aura, nous osons l’espérer, quelque intérêt pour ceux qui aiment à étudier l’esprit humain sous toutes ses faces, et elle pourra peut-être servir à

  1. Les mots techniques dont l’auteur se sert sont nombreux, et nous en donnons ici la liste dans leur ordre logique. La division principale est ܫܬܐܗܬܐ ou fondement, puis ܦܣܘܩܐ, division ; ܩܦܠܐܘܢ, κεφάλαιον, chapitre ; ܢܝܫܐ, paragraphe ; ܠܘܬܕܐ, avant-propos, introduction ; ܡܚܘܝܢܘܬܐ, preuve ; ܬܘܣܦܬܐ, addition ; ܢܘܗܪܐ, éclaircissement ; ܫܘܪܪܐ, confirmation ; ܐܘܗܕܐ, avertissement ; ܬܐܘܪܝــܐ, θεωρία, théorie ; ܗܦܒܬܐ, objection, et ce mot est toujours suivi de ceux-ci : ܦܘܢܝܐ réponse, et ܣܗܕܘܬܐ, témoignage ; de même qu’après ܣܒܐ qui désigne une objection hérétique, calomnieuse, on lit ܫܕܝܐ, réfutation, et ܬܚܘܢܬܐ, démonstration, exemple.
  2. Grégoire Bar-Hebræus et saint Thomas vivaient non-seulement dans le même siècle, mais la date de leur naissance ne diffère que d’une année. En effet saint Thomas naquit en 1227, et il mourut douze ans avant celui auquel nous le comparons.