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DÉCEMBRE 1834.

à l’élément infini, à Dieu, redescend dans l’ordre fini de la création et en embrasse successivement tous les ordres, qu’elle lie en un seul faisceau pour les déposer ensuite aux pieds du souverain maître, comme un hommage rendu à sa grandeur et à sa toute-puissance. Toutefois le principe rationnel y est continuellement subordonné au principe traditionnel. La foi sert de point de départ et de base au vaste édifice que la science construit ; c’est elle qui en éclaire les parties obscures et mystérieuses, et qui nous sert de guide dans cet inextricable labyrinthe où la raison seule, ténébreuse et impuissante, s’égarerait infailliblement.

Cet ouvrage, qui embrasse toute la science contemporaine, montre que l’esprit philosophique faisait alors un grand effort pour enfanter une doctrine qui, résumant les connaissances des âges précédents, put les transmettre aux siècles à venir sous une forme nouvelle, plus compréhensible et plus en harmonie avec l’état actuel de l’esprit humain. Ce travail est comme une prolongation des vastes travaux des gnostiques, bien que la forme synthétique et intuitive y domine moins que dans l’école d’Alexandrie, et qu’on sente l’influence de l’esprit aristotélique qui pénétrait de toutes parts dans le monde arabe et qui desséchait en quelque sorte la sève du génie oriental avec les formules algébriques et les sophismes de sa logique. D’une autre part le Flambeau des saints, quand on considère sa méthode analytique, nous révèle la marche prochaine de la science en Europe pendant le moyen âge. On reconnaît déjà, dans ses divisions et subdivi-