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SEPTEMBRE 1834.

Poôṭ bà. Il Thibet in lingua di Nekpal si chiama Seên[1], et Thibetano Seênâ. In lingua industana il Thibet si chiama Buṭant, e Thibetano Buṭià[2].

  1. Dans une note du P. Horace, ce mot est écrit Hiè, — Kl.
  2. भोटाङ्ग​ Bhôṭângga est une ancienne dénomination sanscrite du Tubet. Elle vient vraisemblablement de celle de བོད​ Bhot ou Bhodh, indigène dans le pays, et que notre auteur écrit Poôṭ. En hindoustani le Tubet s’appelle en effet भोटान्नि Bhouṭâni, et un Tubétain भोटीअ Bhouṭîa. La langue du Bengale a mieux conservé la véritable orthographe de ce nom ; on y dit ভোট্ Bhôṭ ou ভোটান্ট্ Bhôṭânṭ. Plusieurs auteurs anglais, et entre autres M. W. H. Pearce, qui a publié à Calcutta, et en bengali, une Geography interspersed with informations historical and miscellaneous (1822, in-8°, pag. 12), ont traduit le terme de Bhôtant par le pays des montagnes, mais cette dénomination n’a aucun rapport avec le mot sanscrit भूधर Bhoûdhara ou भूध्र Bhoûdhra, qui signifie montagne. En tout cas on voit qu’on a grandement tort dans l’Inde et en Europe d’appliquer la dénomination hindoue de Boutan au pays du Deb radja (Dêva Dharma râdja), qui réside à Djachiï tsios dziong, ville appelée par les Anglais Tasisudon. Ce pays n’est qu’une partie de la vaste contrée du Tubet nommée en hindoustani Bhôṭanṭ. En tubétain, le Boutan des Anglais s’appelle Lhopà ou L’hopato, et en hindoustani Laltopivalà. Ses habitants, appartenant à une secte bouddhiste nommée Brough pa, ou du tonnerre, portent eux-mêmes ce nom chez les Tubétains. Ils adoptèrent cette croyance dans le dix-septième siècle de notre ère, quand Nagh vâng Nam ghial, un lama très-vénéré, quitta le Zsang et vint s’établir dans leur pays. Ils parlent un dialecte tubétain corrompu ; ils ont adopté le costume et les manières des Hindous, et sont plus propres dans leur habillement et dans leurs maisons que les autres Tubétains. Ils sont aussi plus guerriers que ceux-ci, et se composent d’environ 40,000 familles. Il est également absurde de suivre la mode des Anglais de l’Inde,