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voisins. Enfin la tribu pélasgique, pénétrant la dernière en Europe, dont elle occupa les plus riches contrées, apporta en Italie et en Grèce non-seulement les mots et les formes, mais encore les détails les plus délicats, les nuances les plus fugitives de la langue surprenante de l’Inde. Mâle et concis chez les peuples de l’Étrurie et du Latium, abondant et mélodieux en Grèce, cet idiome seconda les plus belles inspirations du génie, et servit de véhicule à la civilisation européenne.

Si ces suppositions ne paraissent pas dénuées de fondement, la même gradation pourrait s’observer en Asie, où les Ossètes, les Courdes, les Arméniens, les Persans et les vingt peuples de l’Inde en deçà du Gange, présentent, dans leurs dialectes, des modifications caractéristiques dont toutes les nuances viennent se fondre dans le sanscrit. Ce riche idiome qui, dans sa forme actuelle, c’est-à-dire, depuis le temps où il a été fixé par l’écriture, remonte au moins à deux mille ans avant l’ère vulgaire, indique par son nom même, qui signifie concret, perfectionné, les phases nombreuses qu’il a dû subir antérieurement à sa fixation. En possession d’un alphabet de cinquante signes qui représentent presque tous les sons de la voix humaine et qui sont classés d’après les organes, il joint à l’harmonie et à la variété des modulations la plus admirable régularité. L’arrangement même de ses lettres, dont la symétrie contraste d’une manière frappante avec la confusion de nos alphabets, prouve, dans les peuples qui en ont fait usage, un antique