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l’identité des langues européennes. Cette identité si claire, si manifeste, a cependant été long-temps contestée, ou, pour mieux dire, méconnue complètement ; et s’il était impossible de nier l’étroite affinité des tribus romanes qui occupèrent le midi et l’occident de l’Europe et chez qui la langue latine a prévalu, on repoussait loin de cette famille les nombreuses peuplades germaniques, et, quant aux tribus slaves, on n’en parlait pas même. Le mot connu de Charles-Quint à ce sujet n’était que l’expression de l’idée de son siècle, idée que semblait d’ailleurs justifier la marche progressive du génie littéraire, qui, ranimé de bonne heure sous le beau ciel de l’Italie, ne s’étendit qu’insensiblement et avec lenteur vers le nord. Si même sous le règne de Louis XIV, dans cette brillante réunion des supériorités de tous les genres, au milieu des glorieux trophées des sciences, des lettres et des arts, une voix s’était élevée et eut dit : « II n’existe qu’une seule langue en Europe dont tous les idiomes parlés ne sont que des nuances, et les formes innombrables de ces idiomes, que l’on chercherait en vain à recueillir, se trouvent presque toutes reproduites, avec les mêmes combinaisons et le même sens, dans une langue parlée loin de l’Europe, » une pareille assertion n’aurait-elle point paru une fable, et se serait-on donné la peine de la vérifier ?

Toutefois ce phénomène existe ; et grâce à l’étendue et à l’exactitude des découvertes de notre siècle, qui, dégagé de préventions, s’attache scrupuleusement à l’examen des faits, les trésors de l’Inde nous sont