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Avril-juin 1922

enquétes et ses travaux avec une méthode scientifique dont manquaient beaucoup de ses prédécesseurs. Toutefois l’on a peut-étre professé pour son Sammlung une admiration exagérée. Comme explorateur, Barth fut incontestablement un maître. Comme linguiste, il fut loin d’étre à l’abri de tout reproche et le nombre des erreurs qu’il a commises se révéle de plus en plus considérable au fur et à mesure que les langues dont il a abordé l’étude sont mieux connues. Encore a-t-il eu l’indéniable mérite d’avoir été un précurseur pour cinq au moins d’entre elles et, pour toutes, d’avoir tracé une voie dans laquelle ceux qui sont venus apres lui n’ont eu qu’à le suivre.

Il avait, au cours de ses voyages, récolté un grand nombre de vocabulaires que la mort l’empécha de publier ; on les croyait perdus et l’on pensait généralement que leur disparition était une grande perte pour la science. Cependant, ils ont été retrouvés et publiés en 1912 par P. Askell Benton : leur importance et leur valeur sont loin de répondre à ce qu’on avait imaginé.

Quoi qu’il en soit et quelque mérite qu’il convienne de reconnaître à l’œuvre de Barth, ce n’était pas encore de la grammaire comparée. C’est à son contemporain, l’Anglais Bleek, qu’il faut se reporter pour l’entrée en scène de ce troisiéme et nouvel aspect des études de linguistique négroafricaine. En 1862 paraissait la premiére partie de sa Comparative Grammar of the South-African languages, qui a posé les principes de l’important groupe bantou ; la seconde partie voyait le jour en 1869. Deux ans auparavant, en 1967, l’Allemand Steinthal avait fixé les bases d’un groupe soudanais, celui des langues dites mandé.

Un autre nom, dans cette féconde période de la seconde moitié du xixe siécle, est à associer à ceux de Koelle, de Barth, de Bleek et de Steinthal : c’est celui du missionnaire anglais Schoen. Donnant un nouvel essor au procédé inauguré