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incompréhensible. Les mots cités sont orthographiés sans méthode et ne répondent pas toujours à la traduction anglaise au-dessous de laquelle ils sont inscrits.

Un travail du même genre, mais bien supérieur à tous égards et d’une autre envergure, parut cinq ans plus tard (1854) : la célèbre Polyglotta africana du Rév. S. W. Koelle, immense in-folio de 188 pages, véritable œuvre de bénédictin, donnant environ trois cents mots ou locutions en anglais, avec leurs correspondants en plus de cent langues ou dialectes africains que l’auteur a essayé de classer d’après leurs affinités respectives. Des notes très consciencieuses exposent la façon dont chaque vocabulaire a été recueilli, précise le degré de créance qui peut être accordé aux informateurs et indique la région d’où provenaient ces derniers. Une carte linguistique termine l’ouvrage ; elle fut, à l’époque oii elle parut, une révélation, et, même aujourd’hui, elle peut être considérée, dans son ensemble, comme approximativement exacte. Le système de transcription, unique pour toutes les langues étudiées, est d’une très grande précision. Les mots dont Koelle n’était pas sûr sont marqués d’un point d’interrogation. L’œuvre tout entière porte le sceau de la conscience la plus scrupuleuse. Malheureusement, elle a été faite dans des conditions très défavorables : c’est à Sierra-Leone, auprès d’esclaves libérés dont la plupart avaient quitté leur pays d’origine depuis de longues années, que l’auteur a recueilli ses cent vocabulaires ; aussi n’est-il pas possible de leur accorder une confiance absolue. Néanmoins, cette publication réalisait, comparativement aux compilations antérieures, un immense progrès, parce qu’elle avait été faite par un linguiste averti. Elle fournissait des matériaux, imparfaits sans doute, mais utilisables cependant pour un premier essai de comparaison entre elles des langues négru-africaines, et surtout une base pour les chercheurs de bonne volonté qui se trouvaient en situation de pous-