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MAI-JUIN 1906.

preuve les Khalifes de Cordoue et de Bagdad. Les chrétiens d’ailleurs en bénéficièrent non moins que les Juifs. Bien souvent, leur politique sur ce point méritera d’être citée comme exemple aux puissances occidentales. Toutefois, il ne faut pas exagérer et nous demandons pardon à notre auteur s’il nous semble, sur ce point, un peu porté à voir les choses en beau.

Les Musulmans montrèrent souvent des tendances véritablement libérales dans leurs relations avec les dissidents. Niera-t-on que cet esprit de tolérance ne se soit trouvé parfois renfermé dans d’assez étroites limites ?

M. Hamet cite lui-même l’exemple de plusieurs chrétiens d’Espagne auxquels un esprit trop ardent de prosélytisme valut la couronne du martyre. Avouons que leur zèle les entraînait bien loin, puisqu’ils allaient prêcher contre l’Islam jusqu’à la porte de ses temples. Néanmoins, le châtiment semblera, croyons-nous, très sévère pour de simples manifestants et qui ne nourrissaient, à coup sûr, aucun désir d’inventorier dans les mosquées.

M. Hamet passe assez rapidement sur la question des emprunts faits par la chrétienté au monde de l’Islam, pendant le moyen âge. On ne saurait contester que, pendant deux ou trois siècles, les Arabes, héritiers de la culture grecque, n’aient joué vis-à-vis des Occidentaux, le rôle d’initiateurs, du moins dans le domaine scientifique. Toutefois, nous ne ferons pas à notre auteur, un reproche de sa brièveté. S’il avait voulu approfondir, plus en détail, chacune des intéressantes questions par lui traitées, quel serait le chapitre de son ouvrage qu’il n’eût fallut transformer en un gros volume ?

Ce qui concerne l’administration turque en Algérie nous a paru aussi complet qu’on peut le désirer, mais c’est là un point de nature à attirer l’attention des érudits de profession plutôt que celle du public.

Nous ne tiendrons pas le même langage en ce qui concerne l’établissement de cette féodalité maraboutique,