Page:Journal asiatique, série 10, tome 2.djvu/514

Cette page n’a pas encore été corrigée
490
NOVEMBRE-DECEMBRE 1903.

chacun de ces manuscrits avec lui-même, les contradictions qu’ils présentent entre eux, montrent assez que ces particularités ne reproduisent pas l’état ancien ; divers détails le confirment d’une manière éclatante. Par exemple, le manuscrit 362 G d’Etchmiadzin a Mt. xvii, 40 : էջ ի կաչէ այդի, au lieu de ի իաչէդ, que le même manuscrit a au verset 42 ; en elle-même, la leçon ի իաչէ այտի serait correcte, l’adverbe pouvant tenir la place de l’article en pareil cas ; mais le դ de այդի dénonce la main d’un correcteur récent ; car, en ancien arménien, le mot est այտի, et այդի est une forme qui apparaît seulement au moyen âge (voir Karst, Hist. gramm. d. kilikisch-armen., § 98, p. 82 et suiv.). La voyelle է apparaît à l’intérieur du mot, contrairement à la règle de l’ancien arménien, qui transforme en ի tout է non accentué : փրկէսցէ Mt. xxvii, 43, ms. 362 G. Dans Mc 1, 6, le manuscrit de Moscou a la leçon սգեցեալ dont on retrouve l’équivalent dans des manuscrits qui ont subi des altérations dialectales, et qui suppose la prononciation sourde du գ, attestée au moyen âge mais contraire à ce que l’on sait pour l’arménien classique ; dans Mc xv, 20, le manuscrit 23 G d’Etchmiadzin a un compromis bizarre entre la forme traditionnelle avec զ et la forme avec ս exigée par la prononciation du scribe : զսգեցուցին. Mc 1, 8, le manuscrit de Moscou a մկրցուցին, avec եա, impossible à cette place en ancien arménien, et attestant seulement que le scribe prononçait déjà e la diphtongue եա, ce qui est la pro-