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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

de l’illusion qui nous le montre. Point ne suffit, — c’est un jeu d’enfant, — d’avoir pesé les idées et les choses et d’avoir découvert leurs antinomies, leur inanité ; la question importante, la seule, c’est de mettre un ternie à la procession des formes. Et les Màdhyamikas, nihilistes, se trouvent, ou peu s’en faut, dans la même position que les réalistes, Abhidhârmikas et Vijnànavâdins, qui croient à la vérité de la pensée et de son évolution, de la souffrance et du samsara, et prétendent y mettre un terme ; ils auront à détruire, non pas la pensée qui n’existe pas, mais l’illusion de la pensée. La tâche est aussi difficile et réclame la même méthode.

IV. Science inférieure et théorie du Chemin.

À coup sûr, pour le Vedântin comme pour le bodhisattva, il n’y a point d’acte, ni d’agent, ni de bien, ni de mal, ni de liberté. Mais voulez-vous arriver au but, c’est-à-dire à la suppression de l’illusion, à l’anéantissement de la conscience ? Tenez compte, ô Brahman particularisé et illusionné, et vous, vijñâna transitoire, lié par les vijñânas anciens et gros d’une longue série d’états conscients, tenez compte des conditions de fait dans lesquelles vous êtes placé ; renoncez, — du moins pour l’instant et tandis que vous êtes encore trop engagé dans l’apparence, — renoncez à la critique scientifique (vicâra), à l’examen logique de ces conditions : car, pour assurées que soient les conclusions de la raison transcen-