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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

sans faiblesses, — nous avons peut-être eu tort de le dissimuler dans notre premier mémoire, — et l’histoire des écoles postérieures le montre clairement.

II. Vérité vraie. — Les Mādhyamikas[1] nient l’acte et le fruit, la connaissance et la causalité. — De même Çaṁkara.

L’explication par les causes nécessitantes et momentanées rend compte en effet, sans qu’il soit besoin d’une âme végétative, de l’évolution de la plante ; elle rend compte, ou peu s’en faut, du phénomène de la mémoire[2], bien que la « reconnaissance » (abhijñāna) souffre certaines difficultés ; mais quand il s’agit de l’acte et du fruit, de l’évolution morale, responsable et consciente, cette explication ne parait satisfaisante que si l’on n’y regarde pas de très près. Les premiers penseurs du Bouddhisme ont pu s’y tromper et se tirer d’embarras par la comparaison de la plante et de la flamme ; mais de nouveaux venus, les Mādhyamikas, soumettront les données du problème à un examen rigoureux. Ils « pousseront les choses à l’extrémité », et leur arrêt, qui tient en

  1. On sait que les Mādhyamikas sont scindés en plusieurs écoles, Buddhapālita et Candrakīrti d’une part, Bhāvaviveka de l’autre. Je crois que la dispute porte surtout sur des questions de méthode : comment démontrera-t-on la vacuité ? Par Mādhyamikas nous entendons désigner ici l’école Nāgārjuna-Candrakīrti-Çāntideva-Prajñākaramati (Madhyamakavṛtti, Çikṣāsamuccaya et Bodhicaryāratāra).
  2. Voir Journ. as., 1902, II, p. 277, n. 3.