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NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1903.

De même se succèdent la graine, le bourgeon, la fleur et la graine, chacun des termes de la série qu’on appelle « plante » constituant au moment où il existe toute la plante. Il n’y a pas plus de « moi » dans l’acte qu’il n’y a d’entité « plante », d’âme végétative dans le bourgeon ; l’acte, comme le bourgeon, est par ses causes en vue de ses effets. Le développement des phénomènes intellectuels, leur inévitable « entresuite » (ādhyātmika pratītyasamutpāda), n’exige pas, comme le soutiennent certains philosophes, la présence d’un agent (kartar) et d’un patient (bhoktar) sinon indépendant du moins distinct des sensations et des volitions ; ni même, comme le veulent les Sāṁkhyas, la présence d’un témoin (sākṣin) inactif et impassible : car, pour les Vijñānavādins et sans doute aussi pour les anciens champions de l’Abhidharma, tous les états intellectuels sont conscients : la volition sait qu’elle veut, la sensation sent qu’elle sent.

Tel est le moi que reconnaît la scolastique dont les premiers efforts se dégagent, à mon sens, de l’analyse des Suttantas et dont les lignes s’affirment plus nettes dans les documents d’Abhidharma. La position que cette scolastique a adoptée n’est pas

    s’accroître par ses propres forces (Bodhicaryāv., iv, 17-20 et surtout 22 ; — voir cependant Kathāvatthu, xiii, 2). La folie (moha) produit le péché, et le péché mûrit en folie. — Reconnaissons cependant que les théologiens affirment : 1o qu’il y a des actes sans fruit (Kathāvatthu, xii, 2) ; 2o que l’acte ne vient pas de l’acte (ibid., xvii, 3). Ils sont, en ceci, illogiques ; mais la vérité les contraint à trahir la théorie. — Voir ci-dessous p. 444, n. 1.