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NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1903.

humain dans les mondes de la forme et de la non-forme, dans les stades supérieurs du chemin de la Bodhi ; par quelles démarches on peut soulager les morts. Élaborées par le Petit Véhicule, les opinions relatives à ces problèmes sont en bonne partie sans doute admises dans la vérité d’apparence du Grand Véhicule ; — celui-ci a surtout pris en considération les thèses à proprement parler religieuses.

L’examen de cette scolastique et de cette théologie, subtiles toujours, belles souvent, rentre dans le cadre de nos recherches. Aujourd’hui nous nous bornerons aux points que nous avons spécifiés.


I. Le « moi » des Ābhidhārmikas et des Vijnānavādins.

La dogmatique du Bouddhisme primitif (Nikāyas) tient pour l’essentiel dans deux thèses capitales, l’inexistence de l’âme (nairātmya) et le fruit des actes (karmaphalasaṁbandha). Ces thèses sont, semble-t-il, contradictoires, « car le fruit de l’acte doit apparemment être « mangé » par l’auteur de cet acte ; et dès lors il faut admettre un être spirituel transmigrant à travers des vies successives… Or ceci est la négation du nairātmya »[1]. Cherchant à comprendre le mécanisme de la rétribution de l’acte, l’école des Ābhidhārmikas a établi que « ce qui se passe d’une vie à l’autre, ce n’est pas l’ātman, qui n’existe pas, c’est le vijñânasaṁtâna, la série des états intellectuels », ou,

  1. M. L. Finot, Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, 1903, p. 96.