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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

partisans du Brahman unique, de la non-dualilé (advaita), adeptes cependant des religions visnuites et çivaïtes et des pratiques de l’Hindouisme[1].

Elle présente un égal intérêt pour le philosophe et pour l’historien. Le conflit est de tous les temps entre les esprits « qui méprisent la révélation, ne voient que par le raisonnement »[2], nient « ce qui ne supporte pas l’examen »[3] ; et ceux qui acceptent les antinomies du problème métaphysique, ne croient pas que la contradiction soit « marque infaillible d’erreur », « n’abandonnent pas les vérités une fois connues »[4], et s’inclinent devant le mystère, l’incompréhensible (acintya). Ce conflit prend dans l’Inde un aspect d’autant plus curieux que la dialectique y est aussi hardie que la religion y est intense et la tradition exigeante ; il est d’autant plus instructif que les mêmes hommes sont à la fois dévots et esprits

  1. Comment Arjuna conciliera-t-il son svadharma de guerrier avec les sublimes leçons de Kṛṣṇa ? — Voir Ph. Colinet, Les doctrines de la Bhagavadgītā.
  2. anādṛtya çrutiṁ mohâd ato bauddhās tamasvinaḥ
    āpedire nirātmatvam anumānaikacakṣuṣaḥ.

    Naiṣkarmyasiddhi, iii, 34 (édité par le Col. Jacob). — « Méprisant la çruti, n’ayant pour œil que l’anumāna, les bouddhistes, en lesquels dominent les ténèbres (tamas), ont abouti à la négation de l’ātman ». — Je lirais volontiers tapasvinaḥ, dans le sens de varākāḥ, « misérables ».

    Sur l’abus que les bouddhistes font de l’anumāna, voir ci-dessous, p. 377, n. 3.

  3. vicārāsaha. — Les Mādhyamikas ont un vicāra particulièrement exigeant. La contradiction est pour eux « marque infaillible d’erreur », et quel concept est exempt de contradiction à leur gré ?
  4. Voir Journ. as., 1902, II, p. 281, n. 1.