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NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1903.

Jâtakas, réfléchissent sur les stades de la délivrance, rendent aux Bodhisattvas, à la compassion (karunâ) et aux stupas le culte déterminé par les textes. — Çântideva, un des plus avisés défenseurs du nihilisme métaphysique, a développé les formules classiques d’adoration, de repentance et d’application des mérites[1], avec une si grande émotion que M. Barth a pu, sans imprudence , le comparer à l’auteur de l’Imitation ; il disserte, en maître, de la vie spirituelle et morale ; il ne pense pas, enfin, que les Dhâranîs, mécaniques invocations qui sont le tout du Chamanisme, soient inutiles à la rémission des péchés[2]. Pourrons-nous concilier cette hautaine raison, à ce point confiante dans la dialectique qu’elle condamne toutes les données de la vie et nie l’existence même de la pensée, avec cette foi profonde, réfléchie tout ensemble et traditionnelle, avec le généreux et séculaire effort auquel Çântideva se voue pour atteindre l’illumination suprême ?

La même question se pose en ce qui regarde les

    employons la majuscule (Bodhisattva) pour désigner les bodhisattvas parvenus à une dignité surnaturelle, devâtidevas, bhûmiprâplas.

  1. Voir ci-dessous, p. 437.

    Çântideva est l’auteur du Çiksâsamuccaya, publié par M. C. Bendall (Bibl. buddhica) qui en prépare une traduction ; et du Bodhicaryâvatâra, publié par Minayeff dans Zapisky, traduit partiellement dans le Muséon (chap. i-v, x), publié avec le commentaire de Prajñâkaramati, 1° chap. ix dans mon Bouddhisme, Etudes et matériaux, 2 in extenso, dans la Bibl. indica (deux fascicules ont paru). Sur Çântideva, voir aussi Sylvain Lévi, Notes chinoises… Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, 1902, p. 253.

  2. Çiksâs., p. 173-175, 355.