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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

raît appartenir en propre aux bouddhistes, mais ceux-ci, comme les Vedāntins, disent aussi vyavahārasatya, vérité de l’expérience ou de la pratique. Croirons-nous que la « vérité d’inexactitude » ou « de l’expérience », contredite par la vérité absolue (paramārthasatya), est une vérité fausse en soi, vraie seulement par rapport à l’agent, « de même qu’il y a vraiment deux lunes pour celui qui croit apercevoir deux lunes » ? Le chemin de salut, qui est de saṃvṛtisatya, sera-t-il indépendant du but, c’est-à-dire du nirvāṇa qui est le paramārthasatya même, la réalité vraie, c’est-à-dire le néant ? Répondons tout de suite qu’il n’en est rien.

À première vue, il est vrai, on se demande si les bouddhistes prétendent isoler la vérité et la « vérité de l’apparence », passant de l’examen philosophique (vicāra), qui dissout tout concept religieux, contingent ou philosophique (vikalpa vicārāsaha), à la pieuse méditation de la Bonne Loi ; nihilistes dans la chambre de recueillement (dhyānāgāra), qui est une « chambre de vacuité » (çûnyāgāra)[1], croyants pieux, altruistes bodhisattvas[2] quand ils lisent les

    mot pudgala, âme (il n’y a que des skandhas). La chose admise sammutisaccena n’a aucune existence objective.

    La discussion Kathāvatthu, v. 6, établit que la connaissance des Nobles Vérités n’appartient pas au sammutiñāna, mais bien la connaissance obtenue par la pratique des kasinas (contemplation d’un disque de terre, d’eau, etc. Voir Childers, s. voc.).

  1. çûnyāgāra, voir Prajñāpāramitā, p. 50. 7 ; Udāna, 19. 30 ; M. Vyut., § 126. 88.
  2. Le terme çrāvaka désigne le fidèle du Petit Véhicule ; bodhisattva, le fidèle du Grand Véhicule, candidat à la Bodhi. Nous