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NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1903.

douleur, de la production de la douleur et du chemin sont, elles aussi, ruinées sans remède : seule demeure la vérité de la destruction (nirodha) ou du nirvâna[1]. Le nirvâna sera considéré, non point ainsi que jadis comme à venir, mais comme actuellement, comme éternellement accompli[2].

Cependant l’École ne répudie aucun des dogmes traditionnels : duhkha, duhkhasamudaya, mârga, karmaphala, triratna et triçarana ; elle les admet tous ; bien plus, elle les complète en faisant une large part dans le Chemin aux exercices de pitié et de dévotion. — Elle les admet au point de vue de la vérité de l’apparence.

Que faut-il entendre par « vérité de l’apparence », samvrtisatya, vérité d’inexactitude ou d’obscurité, d’après l’étymologie mâdhyamika[3] ? L’expression pa-

  1. Bodhicaryâv. p., ix, 2 (p. 244.4) : tathâ hi duhhliaduhhhasamudayamârgasatyâni samvrtisvabhâvatayà sathvrtisatye ’ntarbhavanti ; nirodhasatyam tu paramârthasatye. — Le mot nirodha (destruction) perd sa valeur : rien ne prend fin, rien ne commence, rien n’existe.
  2. Lorsque Nâgasena établit que le nibbâna n’est ni passé, ni présent, ni à venir ; qu’il n’y a pas de cause à sa production (uppâda), mais qu’on peut le manifester (sacchihiriyâ), — il pressent la vraie doctrine.
  3. Bodhicaryâv. p. ix, 2 (p. 239. 12) : sariwriyata àvriyaie yatliâbhûtaparijnânam svabhâvâvaranâd âvrtapraliàçanâc cânayeti sainrrtir avidyâ moho viparyâsa iii paryâyâh. — Voir Journ. as., 1902, II, p. 250, n. 2.

    Le sammutisacca (Petit Véhicule) doit être distingué du samvrtisatya (voir p. 361, n. 1. 6). On a traduit, et très bien, sammutisacca = a truth by general consent », vérité conforme à l’assentiment universel mais erroné. — Une expression métaphorique, « la tête de Râhu », est du sammutisacca (Râhu n’est qu’une tête) ; de même le