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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

anciens Suttantas tiennent les termes ātman et pudgala pour d’illusoires désignations (nāmamātra) ; mais ils enseignent la rétribution de l’acte (karmaphalasaṁbandha) au point de vue de la vérité vraie (paramarthatas) avec autant d’énergie que le néant de l’âme (nairātmya). C’est bien aussi sur le terrain de la vérité vraie que l’école des anciens Ābhidhārmikas[1] crut concilier le nairātmya et le karmaphala, crut expliquer les Nobles Vérités, en substituant au moi permanent et immuable des Aupaniṣadas le moi évoluant, continu et plastique, qu’il convient d’appeler de son vrai nom vijñānasamtāna, série des états de conscience. La série est douloureuse (duḥkha) par suite des vues (dṛṣṭi) et des actes d’ignorance et de désir (duḥkhasamudaya) ; et elle arrive par la suppression de ces vues et de ces actes (mārga) à la délivrance, à l’interruption (nirodha). Nous ne reviendrons pas, sinon brièvement, sur la nature du conflit qui aboutit à cette théorie psychologique attestée dans l’ancien Abhidharma[2], précisée par le

    puisque cette doctrine demeure en dépit du caractère illusoire et conventionnel de l’ātman.

  1. J’entends l’école qui rédigea les livres pâlis d’Abhidharma, — sans vouloir préjuger les relations des Ābhidhammikas avec les écoles de langue sanscrite.
  2. Voir Journ. as., 1902, ii, p. 284, n. 4, 5 et 6. — Abhidhammatthasaṅgaha (J. P. T. S., 1884). V, 12, 15, 16 (cittasantati, °santāna ;... bhavaṁgasantatisamkhātaṁ mānasam abbocchinnaṁ nadīsoto viya pavattati) — Nettipakaraṇa, p. 79. 27, avūpacchedattho santati-attho (signalé par M. E. Hardy). — Notons ici la curieuse référence que m’indique M. L. Barnett au sujet du vijñānasaṁtāna : Çiçupālavadha, ii, 28 et les remarques de Mallinātha.