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JANVIER-FÉVRIER 1912.

pardon. Sundari le presse amoureusement contre sa poitrine et poursuit en souriant le maquillage interrompu. Sur ces entrefaites, le Buddha en tournée d’aumônes était venu quêter dans la demeure de son frère. Personne n’avait pris garde à lui. Une servante seulement, le voyant sortir du palais «comme l’éclair enflammé s’élance de la nuée», vient en hâte avertir Nanda. Celui-ci tout troublé s’arrache à l’étreinte de Sundarî en larmes et court sur les pas du Buddha (IV). Il le trouve environné d’une multitude immense, se prosterne devant lui et le prie d’accepter son hospitalité. Le Buddha décline l’offre, met son bol à aumônes dans la main de Nanda et l’entraîne ainsi malgré lui jusqu’au Vihâra. Là, Vaideha Muni est chargé d’instruire le jeune prince, mais ses efforts pour le persuader d’entrer dans la communauté sont vains. Sur une intervention personnelle du Buddha. Nanda n’ose se dérober et donne à contre-cœur son consentement (V). Les deux chants suivants décrivent la douleur de Sundari (VI) et de Nanda qui, ne pouvant supporter une plus longue séparation, décide de s’enfuir le lendemain pendant que le Buddha, suivant son habitude, sera sorti pour quêter (VII). Témoin de l’abattement de Nanda, le çramana Maitreya provoque ses confidences ; comprenant que la cause de sa tristesse est l’éloignement de Sundarî, le moine dévoile à son ami le piège des séductions féminines (VIII). Mais comme un malade qui veut mourir est inattentif aux conseils de son médecin, Nanda reste indifférent aux avis de Maitreya, qui, pour vaincre ses résistances, lui montre combien sont fragiles la jeunesse, la force et la beauté (IX). Nanda persiste dans ses projets d’évasion ; le Buddha le mande alors auprès de lui ; il le prend par la main et ils s’élèvent dans les airs. Ils atteignent bientôt l’Himâlaya où ils s’arrêtent comme sur une île du ciel. Tandis que Nanda s’extasie sur le spectacle qui l’environne, passe une troupe de singes qui disparaissent en gambadant parmi les arbres de la forêt. Une vieille guenon