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JANVIER-FÉVRIER 1912.

l’entreprise. Malgré les difficultés de la tâche, le texte établi par le savant éditeur donne presque toujours un sens satisfaisant.

Le Saundarananda Kāvya a pour sujet la conversion de Nanda. Dans le Buddhacarita, Açvaghosa, racontant la visite du Buddha à Kapilavastu, se borne à rappeler sans détails que plusieurs princes de la famille des Çâkyas, après avoir entendu l’enseignement du Buddha, entièrement rassasiés des joies du monde, abandonnèrent leur demeure et entrèrent dans la communauté. Parmi eux se trouvaient Ānanda, Nanda, Kimbila, Aniruddha, Nandopanada et d’autres encore[1]. Les événements qui marquèrent l’entrée de Nanda dans la communauté étaient cependant populaires parmi les fidèles. Les textes s’y étendent complaisamment[2] et les sculpteurs en ont souvent fixé sur la pierre les principaux épisodes[3]. On verra par l’analyse du Saundarananda comment Açvaghoṣa traite les données qui lui étaient fournies par la tradition :

L’ascète Kapila, issu de la race des Gautamas, se livrait aux plus rigoureuses austérités dans les solitudes de l’Himālaya. Un jour pénétrèrent dans son ermitage des princes Ikṣvākus dépossédés du trône au profit d’un demi-frère paternel. L’ascète devint leur précepteur et ils reçurent suivant l’usage le nom de Gautamas. Leur habitation étant couverte de chaume (çāka), ils prirent en outre le nom de Çâkyas. Quelque temps après leur arrivée, Kapila s’éleva dans les airs et marqua des traces sur le sol, autour de l’ermitage, avec l’eau répandue d’une urne

  1. Cf. la traduction du Buddhacarita faite par Beal sur la version chinoise The Fo-Sho-Hing-Tsan-King, Book IV, varga 19 (Sacred Books of the East, vol. XIX).
  2. Cf. en particulier l’Abhiniṣkramaṇa Sūtra trad. par Beal, The Romantic Legend of Buddha Sākya, p. 369-378 ; et les notes de Buddhaghoṣa aux vers 13 et 14 du Dhammapada.
  3. M. Foucher, L’Art gréco-bouddhique du Gandhâra, Paris, 1905, p. 464-473, étudie plusieurs bas-reliefs inspirés de cette légende. Burgess la signale aussi parmi les sculptures d’Amarāvatī.