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MARS-AVRIL 1912.

logue de l’abbé Chevallier, dans son ouvrage L’Année religieuse dans la famille d’Abraham (p. 32 et 55). Alors, le père aurait eu, non 100 ans, mais 59 ans ; la mère, Sara, aurait eu, non 90 ans, mais 52 ans et demi. Ce sont là des gens ayant déjà un certain âge, mais auxquels il arrive parfois d’avoir encore des enfants. Isaac se serait marié, non à 40 ans (c’est bien tard en Orient), mais à 23 ans et demi, et Ismaël serait mort, non à 187 ans, mais à l’âge déjà respectable de 80 ans. Quelle que soit la portée de ces recherches, elles sont ingénieuses.

Moïse Schwab.

D. Siderski. Étude sur l’origine astronomique de la chronologie juive [Extrait des Mémoires présentés par divers savants à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XII, 2e partie]. — Paris, Imprimerie nationale, 1911 ; in-4o, [93 pages].

M. Sidersky, ingénieur chimiste, n’est pas un professionnel de la littérature hébraïque, mais l’auteur d’ouvrages techniques, du ressort de l’industrie. Cependant, par suite de l’éducation qu’il a reçue dans sa jeunesse, il sait joindre les lettres aux sciences. Sans se livrer au jeu plus ou moins facile des hypothèses et des suppositions, il a cherché à résoudre mathématiquement un problème des plus intéressants pour l’histoire de l’Orient.

Comment les peuples primitifs ont-ils établi la succession des mois ? Comment ont-ils ensuite supputé les années ? Quels sont les divers systèmes de chronologie basés sur la révolution périodique des astres ? Il est évident que les premiers observateurs ont dû être frappés de la périodicité régulière dans l’apparition des néoménies, de la place occupée dans le firmament au bout d’un nombre fixe de jours. De là, le mois lunaire. Mais, d’autre part, pour tenir compte du retour non moins régulier, quoique plus vague, des saisons, on s’est réglé d’après le cours du soleil, dont les points saillants sont : deux équinoxes, au printemps et en automne, outre deux solstices, été et hiver. Pour mettre d’accord ces deux modes de comput, qui diffèrent de dix à onze jours au bout de douze mois, on a fini par recourir à des combinaisons factices, à l’aide de calculs très compliqués, si bien que les savants du moyen âge les qualifiaient de mystères, à peine compréhensibles.

« Le comput des Juifs, signalé par Scaliger (dans son travail De emendatione temporum) comme étant le plus ingénieux et le plus élégant de tous les systèmes de chronologie, remonte sous sa forme actuelle au