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JANVIER-FÉVRIER 1902.

qui, petits animaux ou petits objets, sont vendus ou comptés par quatre (à peu près dans le même esprit où nous disons une « paire de pigeons »), ou par cinq, comme les noix de coco. Le soumbanais possède aussi des termes analogues à nos collectifs : « pincée », « poignée », « paquet, petite botte (d’herbe) », etc.

Le système pronominal et surtout verbal est très développé. Des mots dérivés sont formés avec les préfixes habituels aux langues indonésiennes : ha, ka, la, ma, pa, ta. Ma et pa sont seuls encore bien vivants, de telle sorte que les substantifs avec ha, ka, la, ta peuvent être considérés à peu d’exception près comme des radicaux ou bien tirés de radicaux hors d’usage, c’est-à-dire que les préfixes ci-dessus n’existent plus à l’état isolé et ne concourent plus à de nouvelles formations de mots. C’est exactement ce qui se passe en cham pour les préfixes ha, ća, ra.

Les pronoms personnels, nombreux, sont exclusifs et inclusifs. Un certain pronom démonstratif, i, mis devant les noms propres, équivaut au « le » français et au « der » allemand. C’est encore le « si » malais et le « jā » cham.

En ce qui regarde le verbe, la plupart des radicaux non seulement peuvent jouer le rôle de verbe, mais encore, comme en malais, jouer un autre rôle. L’adjonction de préfixes à un radical peut aussi donner un verbe mais sans que l’emploi de ces préfixes, qui n’est pas d’ailleurs arbitraire, ajoute un sens nettement défini au verbe formé. Toujours comme en cham, seul le préfixe pa permet d’obtenir des verbes à volonté.

Si le linguiste trouve son compte à tout cet exposé grammatical sobrement présenté, l’ethnographe et le folkloriste peuvent chercher leur bien dans les contes le plus souvent d’une puérile et plate insignifiance, les chansons plus naïves et les énigmes parfois subtiles et fines.

En somme, travail sérieux, consciencieux, et qui sous une apparence modeste apporte un peu de lumière là où régnait encore l’ombre.

Antoine Cabaton.


Colonel E. Diguet, de l’infanterie coloniale. Étude de la langue thö. — Paris, A. Challamel, 1910 ; in-8o, 111-131 pages.

M. le colonel Diguet mériterait déjà d’être loué, en dehors de la valeur propre de ses études, pour le goût qui l’y a poussé, l’activité tenace et avertie qu’il y a déployée. Dans tous les pays d’Indochine où sa carrière de soldat l’a tour à tour conduit, il s’est vivement intéressé aux popula-