Page:Journal asiatique, série 10, tome 18.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais de bien loin, l’y avec le son qu’il aurait dans le mot anglais « happy », mais beaucoup plus guttural et assourdi. Les Rouméliotes prononcent cette lettre aussi facilement que les Turcs, se distinguant encore en cela des Constantinopolitains, Smyrniotes, etc., qui la transforment en i.

D’autres particularités phonétiques et orthographiques se présenteront dans le cours de cette étude, car quiconque a étudié le turc, sait tout ce que l’alphabet arabe a jeté dans cette belle langue d’indécision et de confusion pour l’écriture(1) et la prononciation.

Voici encore quelques signes conventionnels qui nous ont aidé à rendre nos transcriptions plus fidèles. Et d’abord, l’apostrophe. Outre le cas assez rare où elle rend le hemzé, et son usage ordinaire pour l’élision, la crase et l’aphérèse, nous l’employons comme signe purement graphique, pour signaler la disparition dialectale d’une lettre quelconque, voyelle ou consonne : μuζεβίρ’ς pour μuζεβίρης « coquin, fripon » ; κeuρτέθ’κους pour κeuπτεδίκος « frais et de belle venue » (fruit, légume) ; ἀρκαδά’ης pour ἀρκαδάšης. Nous insisterons plus loin sur ce phénomène, à propos du mot ἀρκαδά’ης ; mais nous faisons remarquer préalablement que, pour la prononciation, cette apostrophe est comme si elle n’existait pas : ά’ης = la diphtongue άη.

Parfois, une voyelle ne s’évanouit pas complètement, mais elle s’atténue au point de se laisser plutôt deviner qu’entendre. Le cas est presque général pour le ι, désinence neutre (pour ι(ι)ον). Les Rouméliotes ont pour ainsi dire horreur de le prononcer pleinement : ce serait à leurs yeux du dilettan-

  1. (1) Certains mots peuvent s’écrire de cinq ou six manières différentes, ce qui rend parfois extrêmement pénihle la recherche d’un terme, par ailleurs fort simple. Nous n’avons pu nous résoudre à indiquer chaque fois les variantes graphiques : aussi bien, notre travail ne vise-t-il pas directement le turc.