(mot à mot : « avec les santés » ; comparez l’arabe vulgaire عحّتين.
Au contraire, devant les sons α, ο, ου, la sifflante persiste : σακκοῦλα « bourse » ; σώνου, pour σώνω, « finir » ; σοῦγλα, pour σοῦβλα « broche ».
Ce principe ne concerne que les mots d’origine grecque : car pour les autres, ils ont été adoptés avec leur prononciation propre, par exemple τšαλὶ, du turc چالی « buisson épineux, chardon » ; τσαρούχι, guêtres et semelles grossières des paysans bulgares, mot d’origine probablement slave[1]. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas fait entrer en ligne de compte les sons vocaliques e, eu, ê, qui n’ont rien à voir avec le grec proprement dit ; cf. p. 77, note.
Le même principe vaut pour une autre permutation consonantique analogue à la précédente, celle de ζ en j français (ژ turc) : ἀbανόjι, pour ἀβανόζι, « ébène », jεύγου, pour ζεύγω, « atteler », fut. θὰ jέφου ; jέšτη pour ζεστη, « chaleur » ; Jηνουβία pour Ζηνουβία, Zénobie ; mais ζαρόνου, « plisser, froisser » ; ζώου « animal » ; ζουπῶ « presser, comprimer », etc., parce que le ζ est devant les sons α, o.
Cette double particularité, avec plusieurs autres qu’on a déjà pu entrevoir dans les exemples précités (ου pour ο, ω ; ι pour ε, etc.) et sur lesquelles nous reviendrons, constituent la principale originalité du parler andrinopolitain.
On conçoit qu’avec cette multiplicité de sons barbares introduits dans la belle langue des ancêtres, l’alphabet grec soit grandement insuffisant pour une étude comme la nôtre, où ce que nous cherchons avant tout, c’est la reproduction aussi exacte que possible d’une portion notable de l’idiome de Rou-
- ↑ Nous disons « probablement », parce que la présence du mot turc چاریق avec le même sens semble faire quelque difficulté.