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QUELQUES TERMES TECHNIQUES BOUDDHIQUES.

Kazimirski, p. ^[sic]) n’ait une signification plus réelle qu’on ne la lui accorde généralement. En tout cas, il gagne de façon manifeste à être rendu avec précision, car :

بوستان كودىء همچون بت فرخار شده است
 مرغكان چون شمن وكلبيچكان چون وَثَـا

devient alors : « Tu dirais que le jardin est devenu un monastère du Bouddha ; les oiselets y sont des moines, et les fleurettes y sont des idoles ».

D’ailleurs, ce n’a pas été impunément que la renaissance de la poésie persane s’est faite dans le Khorasan, dans des pays qui, du temps même des Sassanides, n’étaient rattachés à la Perse que d’un lien fort lâche (cf. Marquart, Ērānšahr, p. 47 et suiv.), où la κοινή persane n’avait triomphé de façon décisive qu’à date relativement récente et qui devaient se montrer plus longtemps encore rebelles à l’unification religieuse et au joug arabe qu’à la centralisation morale et culturelle persane. Il était impossible d’ailleurs que le contact avec le bouddhisme, le manichéisme et le zoroastrisme, avec une langue de civilisation telle que le sogdien, frappée à mort il est vrai, mais vieille de huit à dix siècles, restât sans influence. Les poètes de Boukhara et Samarqand ont été amenés tout naturellement à enrichir leur vocabulaire de termes du genre de فرخار farxār. Si l’orthodoxie musulmane et la langue des gouvernants orthodoxes, le persan, qui s’était substitué à l’arabe, ignoraient de parti pris le culte des belles formes et images d’hommes ou de femmes, il n’en était pas de même du sogdien parlé en grande partie encore par des infidèles ; il était tout désigné pour fournir aux poètes idolâtres des noms de représentations humaines. Ne sait-on pas que, longtemps après la prise de Boukhara par les Arabes, la population aisée de la ville était encore étrangère à l’islamisme, et que non seulement les