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JUILLET-AOÛT 1911.

Spr., p. 27 ; Miller, Grundr. d. iran. Phil., t. I, Anhang, p. 33).

Par la suite, le فرخار sogdien est devenu l’un des termes marquants du vocabulaire érotique des lyriques persans. C’est un des lieux communs de leur rhétorique raffinée, et M. Browne a montré dans une note de sa remarquable Literary History of Persia, t. II, p. 422, comment Naušād, Yaγmā, Xutan, Čigil, Farxār et d’autres y désignent tour à tour et indifféremment la ville célèbre pour la beauté de ses habitants. Dans un distique d’un nommé خواخه سالمن Xoja Salmān que cite Daulatsâh à l’endroit indiqué ci-dessus de sa Taδkirat les بت فرخار sont cités à côté des بت ماحين lointains et vagues, de façon toute banale ; Mu’izzï, qui est un poète d’une bien autre valeur, mort vers le milieu du xiie siècle, emploie Farxār de manière aussi conventionnelle, comme d’ailleurs sa poésie est avant tout rhétorique : M. Browne en donne un excellent exemple et une caractéristique précise dans sa Literary History, vol. II, p. 329. Mais aux premiers débuts de la poésie persane il ne devait pas en être de même et ce mot surprenant devait répondre à un besoin, à des idées ou des images courantes ; et, en fait, rien ne s’explique plus aisément que son introduction dans la terminologie lyrique des Persans. Lorsque le sens du mot était encore perçu avec netteté, au moment où les فوـخارات et les بت بهارات étaient encore visibles sur les confins du Khorasan, comme dit Al-Bīrūni (cf. ci-dessus p. 53), un farxār représentait, par définition, un lieu de recueillement et de paix ; c’était de plus une oasis véritable et délicieuse, pourvue abondamment d’eau et d’ombrage ; c’était enfin un endroit où l’on pouvait admirer des idoles belles ou charmantes. Jusque vers le milieu du xie siècle sans doute, les poètes se sont véritablement représenté les farxār qu’ils chantaient, et il n’est pas du tout invraisemblable que, par exemple, le second distique de la seconde qaṣīda de Minūčihrī (éd. de Biberstein