Page:Journal asiatique, série 10, tome 18.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée
54
JUILLET-AOÛT 1911.

environs de Balkh, célébré par Hiuen Tsang, décrit par Yâqût et tant d’autres est devenu « le premier printemps ». Mais Balkh, c’est-à-dire Bactres, n’est pas en Sogdiane, et bahâr ne peut pas être sogdien, parce qu’il présente un -hintervocalique conservé et que l’un des caractères distinctifs de ce dialecte est, comme l’a reconnu M. Andréas, le passage à -xde tout -//placé entre voyelles (voir F. W. K. Mûller, Uigurica, p. 3, note 3) : farxâr ou ^ryr présentent précisément ce passage, car le y de l’alphabet sogdien est employé aussi bien à rendre la spirante sonore y que la sourde x (voir.y./4., janv.-fév. 1911, p. 81 et suiv.). On a d’ailleurs, d’autre part, des renseignements, un peu tardifs il est vrai, mais néanmoins curieux sur la distribution géographique de ;U^^ farxâr. Dans la Ta^ki ratu V-SVrtra «Mémoires sur les Poètes w, de Daulalsali, il est fait mention dans la première section (éd. Ed. Browne, pp. ^i-v,j d’un poète de peu d’importance appelé Farxâri : ce nom, dit Daulatsah, est tiré de celui d’une localité appelée Farxâr. Et en effet, nous savons que, dès avant l’époque où écrivait notre compilateur et qui n’est pas antérieure à l’an 1487 de notre ère, le mot « couvent bouddhique », farxâr ou bahâr, n’était plus pour les Persans qu’un nom de lieu ou même qu’une localité indéterminée et lointaine ; c’est là d’ailleurs un fait qui s’est produit de façon parallèle dans l’Inde où le mot bahâr est aussi tombé dans le domaine de la géographie. En outre le persan avait triomphé entièrement dans les pays, sogdiens à l’origine, de Boukhara, de Samarqand et au delà : sous les Califes, ces deux grandes villes apparaissent ornées de faubourgs dits Nau Bahâr à l’instar de celui de Balkh. Mais il reste que Daulatsah énumère un Farxâr dans le Badaxmn, région fameuse pour ses mines de rubis et dont le nom nous est encore attesté soit avec la spirante sogdienne Baδaxs̀ân, soit avec la liquide qui a remplacé dialectalement δ, Balaxs̀ān (cf. Andréas, Sitzungsberichte de l’Académie de Berlin, 1910,