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NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1911.

au Kan-sou, l’un de nous a recueilli en 1908 et signalé immédiatement un fragment d’un ouvrage manichéen en chinois[1] ; ce fragment a été publié à Pékin, au début de 1909, dans le Touen houang che che yi chou 敦煌右室遺書 ou Livres perdus de la chambre de pierre de Touen-houang[2]. Faute de pouvoir acquérir et rapporter à Paris tous les manuscrits de Touen-houang, il avait paru bon d’insister auprès des érudits chinois de Pékin pour que le Gouvernement chinois assurât le sort de ce qu’il avait fallu laisser sur place dans la niche. L’avis fut écouté. Les quelques milliers de textes ainsi entrés à la Bibliothèque nationale de Pékin ne contiennent bien dans l’ensemble que les sūtra bouddhiques auxquels force avait été de renoncer[3]. Il y a cependant au moins une exception : un des textes, rédigé à la manière des sūtra bouddhiques, est en réalité un ouvrage manichéen ; c’est lui que nous traduisons aujourd’hui.

Si nous pouvons entreprendre ce travail, c’est grâce à M. Lo Tchen-yu 羅振玉. Très bon philologue et archéologue, M. Lo Tchen-yu[4] est l’un des érudits qui, sur des photographies, ont édité le Touen houang che che yi chou. Depuis lors, d’autres photographies de manuscrits de Touen-houang entrés à la Bibliothèque nationale de Paris lui ont été envoyées par l’un de nous. Pour les éditer, M. Lo Tchen-yu a fondé en 1911 une publication bimestrielle, le Kouo hio ts’ong k’an 國學叢刊 ou Recueil d’érudition nationale, où paraissent, à côté de certains de nos manuscrits, des travaux indépendants dus à des savants chinois. Le second fascicule de cette publication con-

  1. Cf. B. É. F. E.-O., VIII, 518.
  2. Cf. Comptes rendus de l’Acad. des Inscriptions, 1910, p. 365.
  3. Cf. T’oung Pao, II}, xii, 286-287.
  4. M. Lo Tchen-yu est le plus actif collaborateur de la revue d’art et d’archéologie publiée à Chang-hai sous le titre de 神州國光集 Chen tcheou kouo kouang tsi (sur laquelle cf. B. É. F. E.-O., IX, 573 et suiv.) ; cf. aussi, sur Lo Tchen-yu, le J. A. de janvier-février 1911, p. 129 et suiv.