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lectuelle, par la mesure et la direction de leurs facultés, enfin, par les habitudes de la vie entière.

Il en est autrement des assertions positives, fondées sur des recherches historiques, philologiques ou autrement scientifiques. Aussitôt qu’on est convaincu d’avoir involontairement propagé des erreurs de quelque importance, l’on doit se hâter de les rétracter. La discussion, même la discussion prolongée, de points disputables, de faits difficiles à vérifier, peut devenir utile en fournissant de nouvelles lumières. Cependant, dans les recherches auxquelles un grand nombre de savans participe, comme sont, par exemple, celles sur l’antiquité classique, je ne voudrais pas imposer à un auteur l’obligation de réfuter toutes les objections mal fondées qu’on aurait produites. L’opinion éclairée des savans en fera justice, sans qu’il y perde son tems.

Mais l’étude de la langue et de la littérature sanscrite forme un genre d’érudition tout nouveau, encore peu exploité et d’un accès difficile. Le nombre des connaisseurs en Europe est infiniment petit. S’ériger devant le public en juge de ces matières sans les avoir approfondies, régenter autrui quand on devrait penser à s’instruire soi-même, ce serait une témérité si grande, que les lecteurs ne la supposeront pas facilement ; et, par conséquent, le ton d’assurance dont le censeur parle, passera pour une preuve de son savoir auprès de ceux qui ne connaissent pas la langue, c’est-à-dire de la presque totalité des lecteurs.

En publiant le Bhagavad-Gîtâ, je ne me dissimu-