Page:Journal asiatique, série 1, tome 4.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 79 )

tèmes puissent la comparer avec les traditions sur Odin ou Wodan, qui se sont conservées chez les peuples de l’Europe septentrionale. On a voulu prouver l’identité d’Odin et de Bouddha, et de leurs croyances. Je pense cependant qu’on reviendra de cette hypothèse insoutenable si l’on réfléchit que la loi du sectateur indien, n’a commencé de se répandre au nord de l’Hindoustan que soixante ans après J.-C., et beaucoup plus tard dans le Tibet et dans d’autres contrées de l’Asie centrale.

Au reste il n’y a pas la moindre ressemblance entre le culte bouddhique et celui d’Odin ; comme on peut s’en convaincre au premier coup d’œil jeté sur les descriptions de ce culte données par Pallas et par moi[1].

La religion de Bouddha n’est introduite sans peine parmi les nomades asiatiques parce qu’elle venait d’un pays policé, comme l’Inde ; elle captiva les esprits de ces barbares, par la solennité de ses cérémonies. Si elle avait ressemblé au culte grossier d’Odin, elle aurait difficilement produit un si grand effet. De même, je crois que la croyance chrétienne, privée de la pompe imposante du culte catholique, fera difficilement des progrès parmi les habitans farouches du Caucase, et chez les hordes mongoles de la Sibérie, malgré le zèle apparent des missionnaires anglais et écossais.

  1. Dans le premier volume de l’édition allemande de mon Voyage au mont Caucase.