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quantité du sang répandu, par les innombrables décapitations qu’il avait subies pour peine de ses crimes, égalait celle des eaux de l’Univers. Que Chakia-muni, ayant reconnu sa scélératesse, se prit lui-même en horreur, et qu’enfin il avait été illuminé par un esprit, qu’il appelle son maître. Ce fut lui qui l’instruisit d’une manière miraculeuse et avec des peines infinies, dans les premiers principes de la morale. Le saint suivit les conseils du maître, et, pour profiter de son instruction, il renonça à l’empire et au trône. Alors le maître lui dit : « Le disciple doit avoir assez de fermeté pour se sacrifier lui-même ; sans pénitences corporelles, aucune instruction ne peut prendre racine. Sa première pénitence consiste en ce que mille bougies allumées doivent être appliquées à son corps. » Chakia-muni consentit à se soumettre à cette épreuve ; et, pour détruire les suites de son impiété, il se coucha pour laisser planter sur son corps un nombre infini de mèches allumées. En même tems il pria humblement son maître de l’instruire auparavant, puisqu’il pourrait mourir dans les douleurs. Son maître lui communiqua alors les quatre thèses suivantes :

« Les trésors peuvent être épuisés.
Ce qui est élevé est exposé à la chute.
Ce qui est réuni peut être dispersé.
Ce qui vit est assujéti à la mort. »

Dans un moment Bouddha fut guéri de ses plaies, et son envie insatiable de s’instruire, nourrie par un