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maux ! — Voilà l’homme gémissant de douleurs inouïes, et étendu comme un poisson privé de son élément, et jeté sur le sable brûlant.

La misère devient plus grande à l’approche de la mort. Alors vous êtes entouré de vos parens et amis, qui pleurent et se lamentent, et qui sont suffoqués par la douleur. Votre corps est étendu comme une montagne écroulée ; votre imagination voltige, semblable à la flamme chassée par le vent, et des images terribles se présentent à vos yeux. Les forces vitales, qui diminuent d’un moment à l’autre, ressemblent à un terrain que les flots de l’eau emportent entièrement. La vie intérieure s’évapore comme la fumée, le feu qui chauffe le corps s’évanouit, et toute la chaleur extérieure se resserre dans le centre ; le naturel jadis si fougueux ressemble alors à la lueur froide du ver luisant. Toute activité intellectuelle se perd peu à peu dans la matière ; les signes extérieurs de la vie paraissent promettre la plus longue durée ; mais l’époque est écoulée pendant laquelle les esprits vitaux devaient être répandus dans le corps, et ils quittent ses membres pour se concentrer dans un seul point.

Mais ce qui semblait être leur annihilation n’est souvent qu’une rude préparation, qui rend la vie semblable à une flamme privée de l’air extérieur. La destruction totale de la force vitale a différens degrés. En premier lieu sa transformation ressemble à l’ombre, quand la lune brille au ciel étoilé le plus clair ; de cette faculté sensitive momentanée elle