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regrets d’avoir renoncé au trône de son père, et qu’une nouvelle inclination amoureuse était la cause de l’état dans lequel il se trouvait. Mais le plus grand nombre se déclara pour la sainteté miraculeuse de sa personne, et lui donna les titres de Bourkhan-bakchi (instituteur divin), et de Chakia-mouni (pénitent de la race de Chakia). Il réunit ses cinq disciples et leur dit : « Le trésor précieux de ma sainteté et de ma nouvelle loi ne peut faire une impression subite sur l’esprit des mortels ; modérez donc encore votre zèle de conversion ; il faut avant tout accomplir un jeûne spirituel. » Dès-lors il se rendit de nouveau dans le désert, et il passa quarante-neuf jours constamment occupé de prières nocturnes et de jeûnes continuels.

À la fin de cette dernière expiation, le puissant Esrouwa-Tangri le visita dans son ermitage, et lui présenta une kurda, ou roue à prières en or de mille rais. Par le discours suivant il chercha à disposer Chakya-mouni à commencer son état de précepteur divin du genre humain : « Sans doute tu ne t’es pas soumis au pénible état de pénitent pour ta propre personne, c’est pour le bonheur de l’humanité que tu l’as choisi ; daigne donc à présent commencer à répandre le salut parmi les peuples de l’Univers. » Malgré cela le saint ne prit encore aucune résolution après cette première exhortation, et Esrouwa-Tangri se retira sans avoir atteint son but.

Une autre fois un puissant roi de la race des Makha-Ransa vint visiter en cérémonie le saint, lui pré-