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Nos chaires et nos sanctuaires, quoique d’un bois dur et insensible, se couvrent de larmes, et gémissent sur nos malheurs[1].

Toi qui vis dans l’insouciance, tandis que la fortune te donne des conseils, si tu es endormi, sache que la fortune est éveillée.

Tu te promènes satisfait et exempt de soucis : ta patrie t’offre encore des charmes ; mais l’homme a-t-il une patrie après la perte de Séville ?

Ce dernier malheur a fait oublier tous les autres ; et la longueur du tems ne pourra pas en effacer le souvenir.

O vous qui montez des coursiers effilés, ardens, et qui, dans les champs où l’épée exerce ses fureurs, volent comme des aigles ;

O vous dont les mains sont armées des glaives acérés de l’Inde, qui, dans de noirs tourbillons de poudre, brillent comme des feux ;

O vous qui par-delà la mer, coulez des jours tranquilles et sereins ; vous qui trouvez dans vos demeures la gloire et la puissance,

N’auriez-vous pas appris des nouvelles des habitans de l’Espagne ? et pourtant des messagers sont partis pour vous instruire de leurs souffrances.

Sans cesse ils implorent votre secours, et cependant on les massacre, on les traîne en captivité.

  1. Chez tous les peuples et dans tous les âges, la poésie a été en droit de donner du sentiment aux objets les plus insensibles. Virgile a dit dans l’épisode de la mort de César :
    Et mæstum illacrymat templis ubur, æraque sudant.