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voix : accourez, et protégez les hauteurs de nos villes ; l’ennemi s’en empare, il chasse les Musulmans de leurs asiles, et les oiseanx voraces volent autour de vos frères massacrés. Versez à ce spectacle affreux des larmes de sang. Vengez et relevez l’islamisme. O douleur ! ô douleur ! l’islamisme et la foi ont disparu ; nos jours de gloire sont passés ; toutes nos joies sont évanouies ; et notre vie n’est plus qu’amertume que souffrance et que désespoir ».

Mais parmi les poètes qui déplorèrent les désastres de leur patrie, nul ne fit entendre des accens plus nobles et plus touchans, que Abou’lbékâ, fils de Saleh, de la ville de Ronda. Il dit :

Tout ce qui est parvenu à son plus haut période, décroît. O homme ! ne te laisse donc pas séduire par les charmes de la vie.

Les choses humaines subissent de continuelles révolutions. Si la fortune te réjouit dans un tems, elle t’affligera dans un autre.

Rien n’est stable dans cette demeure terrestre. L’homme peut-il rester toujours dans la même situation ?

La fortune, par un décret céleste, met en pièces les cuirasses contre lesquelles se sont émoussés les glaives et les lances.

Où sont les monarques puissans du Yémen ? où sont leurs couronnes et leurs diadèmes ?

Où est l’autorité que Schédâd a exercée dans Irem ? où est le pouvoir que la race de Sâsân a étendu sur la Perse ?