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richesses, l’amour qu’ils devaient à un père ; à un époux, à un parent ! et cependant je les aime toujours. Je connais mon erreur, et n’en puis concevoir la cause. D’où vient que ces perfides parens ont encore mon affection ? Mon ame est partagée entre la tendresse et la haine ; et cependant pourquoi mon cœur me refuse-t-il l’indignation et la colère ?

MARKANDÉYA PARLE.

Ainsi réunis, le veisya Samadi et le prince le plus vertueux des hommes, s’approchèrent du brahmane, après lui avoir rendu les honneurs qui lui étaient dus, ils s’assirent et s’entretinrent ainsi avec lui.

LE ROI PARLE.

Seigneur, une chose m’embarrasse, explique-la moi. D’où me vient dans mon infortune cette hauteur superbe qui se révolte contre toute pensée d’abaissement, comme si la royauté m’entourait de toute sa puissance ? Mon ame connaît sa faiblesse et cependant s’y livre comme si elle l’ignorait. Et ce veisya, trahi par ses fils, par ses femmes, abandonné de ses esclaves et de ses parens, il les aime cependant encore ! Tous deux, un grand malheur nous accable ; tous deux nous sommes coupables, et nous connaissons l’objet de notre faute : notre ame est en proie à l’égoïsme.

Quel est donc, ô le plus sage des hommes, cette erreur d’une ame qui connaît sa folie ? Explique-moi ce qui nous aveugle tous deux et nous fait illusion. »

Après ce dialogue qui sert d’introduction au poème,