naît ses sujets comme ses propres enfans ; mais des hommes forts sur la terre et qui ne tremblaient pas à la vue d’un glaive s’élevèrent contre lui. Ce roi, au sceptre puissant, leur livra bataille ; mais ses injustes ennemis le vainquirent dans le combat ; car ils ne tremblaient pas à la vue d’un glaive. Battu par ces hommes redoutables, Souratha se relira dans la ville qui commandait à ses états ; mais de lâches et trop puissans ministres, abusant de sa faiblesse, là, dans sa ville même, lui enlevèrent ses richesses et son pouvoir. Vaincu et dépouillé de sa puissance, il s’enfuit couvert d’une peau de bête, et, montant sur un cheval, il gagna seul une forêt impraticable. Là il vit une retraite habitée par un chef de brahmanes ; des animaux apprivoisés erraient à l’entour, au milieu des Mounis et de leurs disciples. Le roi s’avança peu à peu, et, salué par le brahmane qui lui offrait l’hospitalité, il s’arrêta dans sa paisible demeure. Cependant des pensées orgueilleuses soulevaient dans son âme. Eh quoi, disait-il, cette ville où si long-tems réglèrent mes aïeux, je l’abandonne donc aujourd’hui ! Mes sujets coupables y gouvernent par, la justice ou la violence ! Je ne sais ; mais le ministre qui m’a trahi, semblable à l’éléphant furieux, n’a pas encore perdu sa férocité. Cependant, esclave de mon ennemi, quel bonheur sera le sien ?… Ceux que jadis j’ai comblés de faveurs, de richesses, de plaisirs, vont maintenant jurer à de nouveaux maîtres une fidélité éternelle. Et ce trésor que j’ai amassé au prix de tant de peines, épuisé par la prodigalité, il s’évanouira
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