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naires, qui en avaient entendu parler sous ce nom cru à tort qu’il s’agissait en cette occasion de Saint Thomas, l’apôtre des Indes. La translation du siége patriarcal fut le premier événement qui changea le sort du Bouddhisme. Proscrit dans la contrée qui l’avait vu naître, ce système religieux y perdit insensiblement le plus grand nombre de ses partisans, et les faibles restes auxquels il est maintenant réduit dans l’Inde, sont encore privés de cette unité de vues et de traditions, produite jadis par la présence du chef suprême. Au contraire, les pays où le Bouddhisme avait précédemment étendu ses conquêtes, la Chine, Siam, le Tonquin, le Japon et la Tartarie, devenus sa patrie d’adoption, virent augmenter rapidement la foule des convertis. Des princes qui avaient embrassé le culte étranger, trouvèrent glorieux d’en avoir les pontifes à leur cour, et les titres de Précepteur du Royaume et de Prince de la Doctrine furent décernés tour-à-tour à des religieux nationaux ou étrangers, qui se flattaient d'être animés par autant d’Êtres divins et subordonnés à Bouddha, vivant sous le nom de patriarche. C’est ainsi que la hiérarchie naquit sous l'influence de la politique ; car les grades de toutes ces divinités à forme humaine ne furent souvent réglés que par la puissance des états où elles résidaient, et la prépondérance effective du protecteur pouvait seule assurer au Bouddha vivant la jouissance de sa suprématie imaginaire.

Pendant huit siècles les patriarches furent ainsi réduits à une existence précaire et dépendante, et c’est